Sabra et Chatila
je reviens de là-bas
et revêtu du crime!...
et revêtu du crime!...
là-bas
Ils sont entrés
dans les camps à six heures
sur leurs armes on voyait un visage de femme
comme on voit dans les èglises
Ils ont tués aux lueurs des phares et des fusées
et Nous
nous regardions
du haut de nos immeubles
Ils ont tué au couteau
ils ont tué à la hache
femmes et enfants
hommes et chiens
Ils ont tué Fatima Ali Mouloud Leilah
et le petit Wafa qui n'avait que sept mois
et le petit Wafa qui n'avait que sept mois
Ils ont tué au couteau
ils ont tué à la hache
arraché les foetus dans les ventres ouverts
ils ont tué au couteau
ils ont tué à la hache
ils ont tué à la hache
pendant quarante heures ils ont tué
cinq mille sept mille peut-être plus
et Nous
nous regardions du haut de nos terrasses...
nous regardions du haut de nos terrasses...
il faudra désormais écrire sur tous les murs
dans tous les livres
dans tous les cahiers
suir la terre comme au ciel
Deir Yasin Treblinka Sabra et Chatila
Deir Yasin Treblinka Sabra et Chatila!
là-bas
les souliers sont encore rangés devant les portes
et sur les tables
le linge propre
attend
parmi les survivants
il y a des enfants seuls
qui agitent lentement
des mouchoirs bien trop grands
je reviens de là-bas
où le pain et le sel sont encore sur les tables
où les lits sont encore creusés par le sommeil...
où le pain et le sel sont encore sur les tables
où les lits sont encore creusés par le sommeil...
je reviens de là-bas
je reviens de Sabra
et puis de Chatila
et puis de Chatila
je reviens de Sabra
et revêtu du crime
et revêtu du crime
MAIS
de sa cachette
un enfant a Tout vu
un enfant a Tout vu
l'enfant aux paroles bleues
à peine plus grand qu'une main
l'enfant de haute tour
et de toutes les douleurs
qui vit là-bas
près d'Haimadi
et de toutes les douleurs
qui vit là-bas
près d'Haimadi
l'enfant qui vent des figues et des mouchoirs
et quelquefois des armes
et quelquefois des armes
il a Tout vu l'enfant
et il n'a plus l'enfant
la force de pleurer
et il n'a plus l'enfant
la force de pleurer
alors il regarde.....Il Regarde....Il Regarde!...
depuis ce jour
là-bas
une seule fenêtre garde la nuit.....
Tristan Cabral
Beyrouth - Bir Hassan
Poème inédit lu à "La journée de la Terre" en Palestine occupée - 1988
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